La Cinémathèque suisse est très triste d’apprendre le décès du cinéaste Claude Champion, survenu le 23 décembre à l’âge de 81 ans. Ce grand cinéphile était aussi un visiteur assidu et un ami de notre institution.
Né en 1942 à Vevey, il suit un apprentissage de compositeur-typographe. En 1964 il travaille comme assistant réalisateur de Serge Roullet, à Paris. Dès 1967, il devient cinéaste indépendant, à la fois réalisateur, monteur et producteur. Il est l’un des quatre jeunes cinéastes (Francis Reusser, Yves Yersin, Jacques Sandoz) qui, avec le producteur Freddy Landry, fondent la société Milos Films pour réaliser leur film omnibus, Quatre d’entre elles, que nous avons restauré et eu l’honneur de présenter avec lui en 2018.
Très engagé dans le développement d’un cinéma suisse d’auteur, il participe aussi à la fondation de la société de production Nemo Film AG à Zürich en 1970, et du Film & Vidéo Collectif SA à Ecublens en 1977.
Dès 1974, il devient réalisateur indépendant à la Télévisions suisse romande. En 1984, il adapte et co-met en scène Tout UBU, d’après Alfred Jarry, au Théâtre Onze de Lausanne. L’année suivante il participe à un stage de mise en scène avec Benno Besson sur Le Médecin malgré lui de Molière, à La Comédie de Genève.
Entre 1991 et 1993 il sera aussi chroniqueur cinématographique pour Le Nouveau Quotidien. De 1995 à 1998, il enseigne le cinéma au DAVI (Département d'Audiovisuel) de l'Ecole Cantonale d'Art de Lausanne, à Bussigny. Enfin, il est élu en 2001 président de la Société Suisse des Auteurs (SSA), à Lausanne, et le restera jusqu’en 2012.
Comme réalisateur, Claude Champion a alterné la fiction et le documentaire, les courts, les longs et les moyens métrages. Il aura les honneurs de la semaine de la Critique de Cannes avec Quatre d’entre elles, puis, avec Yvon Yvonne, il participe à la première édition de la Quinzaine des réalisateurs en 1969. Et enfin il entre dans la sélection officielle avec un court métrage en compétition, C’était un Dimanche en Automne, en 1970.
En 1987, avec La nef, un court métrage fantastique avec le musicien Guy Bovet tourné autour de l’orgue de Notre-Dame- de-Valère à Sion, il expérimente pour la première fois en suisse les techniques et les effets du son dolby stéréo.
En 1995 il signe un ambitieux long métrage autour de la Suisse et d’une figure historique, Le Général Guisan et son Temps. Certains de ses films les plus célèbres sont notamment Quand il n’y a plus d’Eldorado (1980), Marie Besson (1974), Le Pays de mon Corps (1973) ou Le Moulin Develey sis à la Quielle (1971).
Dans sa création, il a toujours cherché des voies nouvelles d’expression, que ce soit par la forme, la durée, le travail de la langue, le son. C’est un cinéaste important pour notre cinéma qui disparaît aujourd’hui. Nous envoyons un message de condoléances ému à ses proches.
Frédéric Maire